On ne se change pas facilement, n'est-ce pas ? Aussi bien pour atténuer les défauts, améliorer les qualités ou simplement modifier la façon d'appréhender l'existence. "Chassez le naturel, il revient au galop", surtout si le cheval taille sa route sur le chemin feutré d'un quotidien rassurant.

      La rupture - même pas "bête et brutale", ainsi que la chantait Brel - est sans doute un moyen privilégié pour changer d'air en évitant la tentation de trotter sur une voie propice aux volte-face. Changer volontairement d'activité professionnelle, rompre une relation estimée bloquée ou bloquante, partir globe-trotter au mitan de la vie sont autant de risques considérés comme des chances de progresser dans la construction d'une personnalité plus riche.

      Les grands écarts, on comprend bien, mais les petits pas de côté permettent également de modifier le chemin et transformer le randonneur. Moins déstabilisants mais beaucoup plus nombreux, ils jalonnent et enrichissent la vie du découvreur de vies de tout ordre. Troquer le voilier pour le van, la raquette pour les bâtons, la caméra pour l'appareil photo,... Quitter des groupes d'activités pour de nouveaux groupes aux activités nouvelles, se séparer définitivement d'un espace chargé de souvenirs pour consolider l'espace de vie encore actif et prospectif.

      C'est évidemment cette dernière rupture qui a fait germer la petite humeur de cette semaine. Entre grand écart et pas de côté, elle oblige actuellement l'apprenti billettiste à un "travail de mémoire" en même temps qu'à des regards vers des horizons géographiques et temporels qui - bien que très proches - peuvent en être enrichis.